Union Nationale des Combattants de Côte d'Or

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Billet d'humeur d'un ancien d'Algérie

Comme beaucoup d'appelés qui ont servi en AFN, lorsque je suis rentré de là-bas, j'ai amèrement constaté que, pour les gens de la métropole, cette guerre, que beaucoup n'ont jamais considéré comme telle, était finie, c'était du passé, un passé à ne pas faire ressurgir. Et par pudeur, comme beaucoup je n'en parlais pas, je ne voulais pas en parler, ou nous n'en parlions qu'entre nous.
Même de la part de nos aînés je ressentais une certaine désaffection et de la part des politiques une totale indifférence. Alors je me suis posé la question : "Devons-nous avoir honte d'avoir combattu en Algérie ?" Après avoir écrit un article à ce sujet dans le courrier des lecteurs dans un journal local en 1999, beaucoup d'appelés comme moi ont eu la gentillesse de me répondre. Et à cette question que je me posais, ils ont tous répondu que non, nous ne devons pas avoir honte, car nous avons fait notre devoir comme nous l'imposait le gouvernement de la République. Car à cette époque l'Algérie était partie intégrante de la France, notre patrie, et cela depuis 1830, bien avant Nice et la Savoie.

Le Monde.jpgEn revanche, là où les membres du gouvernement de l'époque doivent se couvrir de honte, c'est de la façon dont ils se sont comportés envers les 150 000 harkis, supplétifs et partisans à qui ils avaient donné leur parole de rester et qu'ils ont lâchement abandonnés à la sauvagerie des égorgeurs de FLN. Nous avions largement gagné la guerre sur le terrain par les armes, mais comme en Indochine elle a été perdue par les politiques. Où étaient passés les : "Je vous ai compris...", "De Dunkerque à Tamanrasset tous Français", et le plan de Constantine de mai 1958 ? Le 19 mars 1962 est vraiment un jour de deuil et d'abandon. Que devons-nous penser des élus municipaux et des politiques qui ont baptisé des parcelles de notre territoire de cette date infamante ? Que penser également de certains hommes politiques très proche du pouvoir, porteurs de valises du FLN ? Ont-ils honte ? Nos aînés ne se sont pas assez informés sur ce qu'était la guerre d'Algérie. Mais ils ont fini par comprendre que nous sommes ceux qui avons repris le flambeau, la flamme du souvenir et de la mémoire qui ne doit pas s'éteindre. Rappelons-nous la phrase de Clémenceau prononcée à la chambre des députés et qui est toujours d'actualité : "ils ont des droits sur nous".

Tout cela est une histoire de 130 ans, qui malgré tout a tissé des liens entre nos deux peuples. Peut-on espérer un jour un rapprochement entre la France et l'Algérie ? Devons-nous le souhaiter ? Oui mais sans repentance !

 

Georges AUDUREAU - UNC 56

La Voix du Combattant N° 1807



05/09/2015
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