La Voix du Combattant N° 19 du 7 décembre 1919
Il reste encore des prisonniers français en Allemagne
L’Allemagne garde encore des prisonniers de guerre malgré toutes les conventions. Il est en effet arrivé à Dijon, le soldat Louis Boucher, du 141ème de ligne, engagé volontaire de la classe 1920.
Fait prisonnier le 6 juin 1918, au combat de Villers-Bretonneux, il fut dirigé sur le camp de Wiesbaden, où il resta deux mois. Traduit devant un conseil de guerre pour tentative d’évasion et voies de fait sur une sentinelle, il fut, avec deux camarades, condamné à dix ans de détention dans une enceinte fortifiée. On l’emmena à Dantzig, et les deux autres à Kœnigsberg.
Enfermé dans un obscur cachot, il ne voyait et n’entendait rien. Comme nourriture, par jour, pendant toute sa captivité, qui ne prit fin que ces jours derniers, deux cents grammes de pain, du blé cuit et du rutabaga.
La mission française de Berlin envoya à Dantzig une commission spéciale d’officiers. Au cours des perquisitions, faites dans la prison par cette commission, on découvrit sept soldats français. Les malheureux ne savaient rien de la conclusion de la paix, et on était au 20 octobre 1919 !
Force fut aux Allemands de les mettre en liberté, et c’est ainsi qu’ils viennent d’être rapatriés par Francfort, Mayence et Avricourt.
Le soldat Louis Boucher, porté comme disparu, n’avait pu, durant toute sa captivité, recevoir ni adresser aucune correspondance.
La mission française fera bien de redoubler de vigilance, d’autres prisonniers français sont peut-être encore dans le même cas en Allemagne.
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