La Voix du Combattant N° 2 du 27 juillet 1919
Dijon – Au seuil du 14 juillet qui devait marquer la grande fête de la Victoire, l’Union nationale des combattants, groupe régional de Dijon, avait voulu rendre un pieux hommage à la mémoire de tous les héros morts pour la France au cours de la guerre.
Avant les réjouissances du triomphe, elle entendait honorer tous ceux qui, après l’avoir conquise au prix de tant de souffrances, avaient rêvé, en fermant les yeux, d’une paix éternelle et féconde, tous ceux qui ne connaîtront ni sa gloire, ni ses bienfaits et qui, cependant, sont tombés pour elle.
À cet effet, elle avait organisé pour le dimanche 13 juillet, sous le patronage de M. le préfet de la Côte d’Or et de la municipalité une manifestation publique et solennelle en l’honneur de tous les enfants de Dijon morts pour la Patrie. Le programme comportait deux parties. La première comprenait la célébration d’offices religieux le matin, à 9 heures à l’église Saint-Bénigne, à 10 heures au Temple protestant, et à 11 heures à la Synagogue.
La seconde eut lieu en pleine ville.
À 13h45, les sociétés et délégations sont réunies place du Trente-Octobre, où a lieu la remise des drapeaux à l’Association amicale des mutilés et à l’Union des combattants. Elles forment un demi-cercle en face duquel viennent se placer leurs drapeaux et les notabilités parmi lesquels nous remarquons : M. le docteur Yvert, vice-président de la Société la Croix-Rouge ; M. le lieutenant-colonel Rosset, représentant M. le général commandant la subdivision ; le commandant de gendarmerie Raffin ; MM. Perrin, secrétaire général de la préfecture, représentant M. le préfet ; Rencker, adjoint, représentant la municipalité ; Rieklin, président de la société des Alsaciens-Lorrains.
Les trompettes du 48ème ayant ouvert le ban, M. le lieutenant-colonel Rosset s’avance et remet aux deux associations les deux drapeaux. Celui de l’U.N.C. offert par le comité des dames de la Société de Secours aux Blessés Militaires, l’Association des Dames françaises et la Ligue Patria de Dijon, unies dans une même pensée patriotique.
Les trompettes sonnent « au drapeau », la fanfare joue « La Marseillaise » et le cortège se forme pour défiler précédé d’un piquet du 48ème d’artillerie à cheval.
Ce long cortège, qu’une foule émue et recueillie accompagne sur tout son parcours, arrive au Panthéon (Bourse de commerce), où une cérémonie en l’honneur des morts de la grande guerre va avoir lieu.
Le cadre était bien celui qui convenait à cette cérémonie.
Dans le vestibule était élevé un cénotaphe recouvert d’un drapeau tricolore, d’une capote et d’un casque de poilu. Tout autour des lampadaires sont allumés et des plantes vertes forment le fond.
Après que les trompettes eurent sonné « aux champs » et les clairons « au drapeau », M. Chamfrault, vice-président de l’U.N.C., groupe de Dijon, prononça un émouvant discours, dont nous ne donnerons que la péroraison :
Et maintenant, mes chers camarades, écoutons la voix des héros et regardons vers l’avenir. S’il est vrai qu’un peuple est dirigé par ses morts, nous savons ce que nous voulons : continuer leur tâche sacrée.
Ils nous ont légué leurs fils : pauvres petits orphelins dont la France doit être la mère. Nous serons leurs frères aînés, notre dévouement tout entier leur est acquis.
Ils nous ont légué leur âme. S’ils sont morts, c’est pour que la France vive. Et la France vivra !
Ils ont donné leur vie, nous donnerons nos peines. Nous serons des français sans peur, des citoyens sans reproche. Nous nous souviendrons, mes chers camarades, que l’amitié qui nous unissait à eux était le lien le plus précieux.
Ce lien nous ne voulons pas le perdre. C’est leur voix qui de notre devise fait notre devoir.
Mes chers camarades, au nom de nos morts : Unis comme au front !
La fanfare joue la Marseillaise et la foule se retire vivement émue.
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