Le Mérite National
La création de l’ordre national du Mérite résulte d’une large réforme du système des décorations engagée en 1958 par le grand chancelier de l’époque, le général Catroux, avec l’appui du général de Gaulle, dans une France en pleine modernisation.
Déjà fondateur de l’ordre de la Libération pendant la seconde guerre mondiale, le général de Gaulle s’est impliqué tout particulièrement dans la création de ce nouvel ordre et lui assigne quatre objectifs :
-
Consolider l’unité nationale, cinq ans après la fondation de la Vème République.
-
Revaloriser la Légion d’honneur qui souffrait d’une inflation du nombre des décorés à la suite des grands conflits du XXème siècle.
-
Harmoniser et simplifier les distinctions honorifiques. Il était urgent de stopper la multiplication de décorations diverses et variées, lancées par les ministères et qui atteignaient le chiffre record de 70 décorations et 20 ordres.
-
Hiérarchiser l’échelle des mérites avec une nouvelle distinction, complémentaire, réservée aux mérites réels reconnus plus tôt. Dès les premières promotions, des mérites très éclectiques et des carrières précoces ont été salués, illustrant une philosophie d’attribution jamais démentie à ce jour.
Le décret de création de l’ordre national du Mérite a la particularité de porter les signatures de trois présidents de la République française. Il est signé du président Charles de Gaulle, de Georges Pompidou alors Premier ministre et de Valéry Giscard d'Estaing, ministre des Finances et de l'Économie de l'époque.
L’ordre comprend trois grades : chevalier, officier et commandeur ainsi que deux dignités : grand officier et grand-croix.
La nomination dans l'ordre national du Mérite peut se faire par proposition ministérielle ainsi que par la procédure d'initiative citoyenne.
Pour obtenir le ruban bleu, la durée des services demandée est moins longue (10 ans au lieu de 20 ans pour la Légion d’honneur), avec une triple vocation :
-
Traduire le dynamisme de la société.
L’ordre national du Mérite a vocation à accueillir des générations plus jeunes dont la valeur n’attend pas le nombre des années. Il est chargé de stimuler les énergies individuelles, de fédérer toutes les volontés et de récompenser l’innovation et la participation au rayonnement de la France.
-
Donner valeur d’exemple.
L’ordre est conçu comme une forme d’émulation pour que chacun donne le meilleur de lui-même et que la communauté des récipiendaires dans son ensemble représente l’esprit civique français.
-
Reconnaître la diversité.
L’ordre du Mérite incarne enfin la diversité de la société française, ses cultures, ses origines sociales, ses nouveaux secteurs économiques (nouvelles technologies, internet, télécoms, etc.). Il reconnaît l’engagement de la jeune génération.
Comme pour la Légion d’honneur, l’ordre national du Mérite garantit une véritable égalité d’accès, afin que tout citoyen méritant, quelle que soit sa place dans la société, puisse être reconnu par la nation.
Ses critères d’attribution
-
Avoir rendu des « services distingués » militaires ou civils.
Autrement dit, des actes de dévouement, de bravoure, de générosité, de réels mérites ou un engagement mesurable au service des autres ou de la France, ne présentant pas encore les qualifications suffisantes pour accéder à la Légion d’honneur.
-
Pouvoir justifier d’une activité de 10 ans minimum
-
L’accession à un grade supérieur se fait par la preuve de nouveaux mérites
-
Il faut une durée minimale de 5 ans de plus pour être promu officier, 3 ans pour le grade de commandeur, 3 ans pour être élevé à la dignité de grand officier et de nouveau 3 ans pour grand-croix.
L’ordre national du Mérite a sa propre organisation, sa discipline et sa hiérarchie sont calquées sur celle de la Légion d’honneur.
Il est doté d’un conseil de l’ordre spécifique, de 11 membres, présidé par le grand chancelier de la Légion d’honneur, chancelier de l'ordre national du Mérite, sous l’autorité du grand maître, le président de la République. Le conseil de l’ordre a la responsabilité d’examen, de délibération et de sanction.
La procédure d’attribution d’un grade dans l’ordre national du Mérite est similaire à celle de la Légion d’honneur.
Les promotions annuelles
-
Deux promotions civiles : 15 mai et 15 novembre
-
Deux promotions à titre militaire : 1er mai, 1er novembre
L'insigne, qui fut créé par le sculpteur-médailleur français Max LEOGNANY, est une étoile à six branches doubles, émaillées de bleu, en argent pour les chevaliers, en vermeil pour les officiers. Le centre de l'étoile est entouré de feuilles de laurier entrecroisées et représente l'effigie de la République, entourée d'un cercle portant les mots : République française. Elle est surmontée d'une couronne d'attache de feuilles de chêne entrecroisées, en argent pour les chevaliers, en vermeil pour les officiers. Le revers porte deux drapeaux tricolores entrecroisés, entourés d'un cercle portant l'inscription : Ordre national du Mérite et la date de fondation de l'ordre : 3 décembre 1963. L'insigne est suspendu à un ruban en moire bleu de France.
Il comporte une rosette pour les officiers.
L'insigne des commandeurs est suspendu à une cravate.
Les grands officiers portent la croix d'officier mais aussi une plaque sur le côté droit de la poitrine. Les grands-croix portent la même plaque, mais en vermeil, sur le côté gauche de la poitrine. La croix se porte en écharpe, suspendue à un large ruban bleu qui passe sur l'épaule droite.
L’ordre national du Mérite en chiffres
-
L’ordre compte aujourd’hui 187.000 membres
-
306.000 personnes ont été nommées ou promues depuis la création de l’ordre en 1963
-
4.600 personnes reçoivent l’insigne chaque année
-
L’âge d’entrée moyen est de 54 ans
-
57% des membres sont décorés à titre civil, 43% à titre militaire
-
50% de femmes (parité appliquée pour les promotions civiles)
-
80% des décorés sont des chevaliers
-
14% des dossiers sont écartés par le conseil de l’ordre